Rapport sur la situation des déplacés de guerre internes au Burundi

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Des menaces de fermeture pour effacer les traces des massacres interethniques de 1993, des patrouilles policières nocturnes et des visites de nuit des agents du SNR, des manifestations publiques ponctuées par des discours de haine et d’intimidation autour des sites, des tirs de fusils pendant la nuit des jeunes Imbonerakure sont notamment des indices d’insécurité grandissante aux différents sites de déplacés de guerre observés pendant cette période du rapport.

Trente-trois (32 cas) cas d’incidents de violences et de violations de droits de l’homme envers les occupants des sites de déplacés de guerre ont été répertoriés pendant ces premiers cinq mois de l’année 2017. La plupart de ces cas sont localisés au site de déplacés de la commune Ruhororo, province Ngozi où l’autorité communale en collaboration avec d’autres responsables du parti au pouvoir ont obtenu une excellente note dans ces agissements.

Au moins douze incidents d’insécurité ont été observés dans les sites de déplacés de guerre observés depuis le début de l’année 2017. Au moins six occupants du site de déplacés ont été arbitrairement arrêtés dans le contexte de surveillance et de quadrillage des sites de déplacés de guerre par l’administration en collaboration avec la milice Imbonerakure. Plus de visites, plus de sorties libres, il faut rester cloitré dans le site. Au moins cinq incidents de mesures arbitraires et injustes envers des déplacés de guerre ont été observés durant cette période de rapport. Des violences sexuelles commises par des responsables et des membres du CNDD-FDD contre les jeunes filles du site Ruhororo sont une triste réalité dans les sites de déplacés de guerre au Burundi. Au moins quatre filles ont été victimes de violences sexuelles dans le site de déplacés de Ruhororo. Au moins trois incidents d’expropriations foncières ont été enregistrés pendant cette même période du rapport.

Depuis 2005, le pouvoir CNDD-FDD considère visiblement les occupants de ces sites de déplacés comme des ennemis politiques à mettre hors d’état de nuire. D’après certains administratifs contactés, ces sites de déplacés font peur au pouvoir CNDD-FDD qui pense que ces sites pourraient servir aux opposants politiques de base arrière pour des actions de déstabilisation politique. C’est ainsi qu’il a organisé plusieurs tentatives pour faire retourner de force les déplacés internes sur leurs collines d’origine. Cependant, il y a très peu de déplacés internes qui ont accepté de rentrer par peur de retrouver leurs bourreaux qui n’ont jamais été inquiétés. La situation s’est davantage compliquée avec la persécution qui a visé les opposants au régime depuis 2010. Même ceux qui étaient retournés sur leurs collines ont regagné leurs sites d’origine fuyant la terreur des Imbonerakure. Elle s’est encore empirée avec la crise du troisième mandat de 2015 qui continue et qui a poussé des centaines de milliers de burundais à fuir le pays. Aujourd’hui, des dizaines de milliers de citoyens ont quitté leurs domiciles et ont gonflé les effectifs des populations établies sur des sites existants.

Aujourd’hui, les habitants des sites des déplacés internes sont sous pression et souffrent quotidiennement d’une insécurité chronique. L’administration locale, les autorités au plus haut sommet dont le Président de la République Pierre Nkurunziza et la milice Imbonerakure les suspectent de ne pas soutenir le parti au pouvoir et organisent des séances d’intimidation et de harcèlement. Un climat de peur panique est une triste réalité dans les sites de déplacés. Ces derniers craignent le spectre de génocide vécu chez eux en 1993. Les miliciens Imbonerakure du CNDD-FDD organisent tout autour des sites des manifestations publiques d’intimidation, entonnent des slogans qui véhiculent une haine ethnique viscérale, en complicité avec l’administration publique qui assiste et encourage. Une sensibilisation déclarée de haine envers les occupants des sites de déplacés de guerre internes interpelle le monde entier à prendre des mesures de protection urgentes pour éviter le drame humanitaire qui pourrait subvenir à cette catégorie de population au Burundi.

Le présent rapport décrit la situation prévalant dans les sites des déplacés des communes Ruhororo, Mutaho et Muruta respectivement situés en provinces Ngozi, Gitega et Kayanza. La particularité pour ces sites est qu’ils regroupent les plus grands effectifs de déplacés internes par rapport aux autres. Le rapport dénonce notamment une insécurité chronique et des menaces publiques de fermeture forcée des sites de déplacés de guerre au moment où les bourreaux sur leurs collines d’origine n’ont cessé de grincer les dents contre leurs victimes. Il fustige les arrestations arbitraires contre des habitants des sites qui sont injustement accusés de collaborer avec des rebelles imaginaires, les mesures sans fondement qui limitent la jouissance des droits et libertés individuels et collectifs, les violences sexuelles impunies contre des jeunes filles et des expropriations illégales faites à leur endroit, sans qu’aucune protection ne leur soit assurée.

Le FORSC conclue ce rapport en recommandant plutôt au gouvernement du Burundi d’assurer la sécurité des occupants des sites de déplacés de guerre au lieu de chercher à les pousser de force à rentrer sur leurs collines d’origine alors que le mal qu’ils ont fui n’a pas encore été levé. Au conseil de sécurité des Nations Unies, le FORSC recommande de mettre en application la résolution 2303 du Conseil de sécurité des nations unies qui autorise le déploiement d’une police onusienne de protection des burundais en détresse. Au Rapporteur Spécial sur les Réfugiés, Demandeurs d’Asile, Migrants et Personnes Déplacées en Afrique d’effectuer une visite au sein des sites des déplacés afin d’enquêter sur les violations des droits humains dont les déplacés de guerre internes font objet.

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