La coopération entre la belgique et le Burundi doit être bâtie sur le respect des droits humains gravement compromis depuis 2015

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Communiqué de Presse de la Société Civile Burundaise Indépendante en rapport avec la visite du Vice-Premier ministre Belge et ministre des Affaires étrangères et de la Coopération au développement.

1.La Société Civile Burundaise Indépendante exprime sa profonde inquiétude et sa déception suite au discours tenu par Monsieur Maxime Prévôt, Vice-Premier Ministre belge et ministre des Affaires étrangères et de la Coopération au développement à l’occasion de sa visite au Burundi le samedi 26 avril 2025 dans le cadre de sa tournée régionale dans la région des grands-lacs.
2.Dans son discours, le Vice-Premier Ministre belge et Ministre des Affaires étrangères a rappelé que sa venue au Burundi intervient après plus de 10 ans qu’il n’y avait pas de visite ministérielle de la Belgique depuis la crise de 2015. Il a promis de tourner la page en renforçant la coopération avec le Burundi au niveau des affaires étrangères et à la fois au niveau de la coopération internationale. Il a en outre annoncé le soutien de la Belgique « à la trajectoire du président de la République d’ici 2040-2060 » pour le redressement socio-économique du Burundi et à la formation des officiers de l’armée burundaise.
3.S’exprimant au nom du Royaume de Belgique, le Vice-Premier Ministre belge et ministre des Affaires étrangères précise en outre que « le Burundi est un acteur qui compte, un acteur qui a toujours compté et avec lequel il faudra continuer de compter, pour pouvoir être un acteur de solution et de pacification dans la région des Grands-Lacs et on le sait singulièrement à l’Est du Congo » et n’a pas manqué d’ajouter que « …. le Burundi est un pays d’espoir, un pays de paix et pacificateur ».

4.
Les signataires de la présente déclaration expriment leur indignation face au fait qu’une haute autorité de la Belgique, en l’occurrence le Vice-Premier Ministre et Ministre de la Coopération, affiche publiquement son soutien politique sans condition au régime dictatorial burundais. Ce régime fait toujours l’objet d’une enquête de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité commis depuis 2015, et reste gangrené par une corruption généralisée touchant tous les secteurs de la vie nationale ainsi que l’ensemble des institutions de la République. Ce soutien intervient dans un contexte de verrouillage de l’espace démocratique, de violations flagrantes des droits humains, et d’une répression persistante contre les voix indépendantes.
5. Les propos du Ministre de la Coopération sont d’autant plus surprenants qu’ils émanent d’un représentant d’un État démocratique tel que la Belgique, et interviennent au moment où les organisations de la société civile ainsi que les Burundais commémorent les événements tragiques d’Avril 2015 à travers le mémorandum intitulé : « BURUNDI : UNE DÉCENNIE SOUS TENSION À HAUT RISQUE DU PIRE (2015-2025) »1
6. Cette tentative de réhabilitation diplomatique du régime autoritaire burundais, opérée sans aucune exigence préalable en matière de respect des droits humains et de réformes politiques, trahit profondément les espoirs du peuple burundais, qui aspire à la justice et à l’exercice de ses libertés fondamentales. Pire encore, elle risque d’ouvrir un précédent extrêmement dangereux, en encourageant d’autres acteurs internationaux à sacrifier les droits humains sur l’autel des intérêts géopolitiques.
7. En outre, cette posture diplomatique fait fi des réalités du terrain et des innombrables témoignages de victimes et de défenseurs des droits humains, qui dénoncent quotidiennement les atrocités commises dans l’indifférence générale. Par ce soutien affiché, la Belgique court le risque de se rendre complice, moralement et politiquement, du maintien de l’impunité au Burundi, et de compromettre durablement les efforts internationaux visant à restaurer la justice, la vérité et une véritable réconciliation, conditions indispensables pour une paix durable.

8.En plus, le mémorandum mentionné plus haut met en exergue que les crimes initiés en 2015 d’assassinats politiques, de disparitions forcées, de tortures, etc. continuent aujourd’hui dans une impunité totale.
9.Les signataires de la présente déclaration voudraient attirer l’attention de l’opinion internationale qu’au-delà de ce mémorandum qui met en lumière la persistance des crimes amorcés depuis 2015 notamment les assassinats politiques, les disparitions forcées et les actes de torture dans un climat d’impunité totale, ils tiennent à alerter l’opinion internationale sur le fait que :

  • L’espace civique est extrêmement restreint : à la veille des prochaines élections générales, les libertés publiques sont gravement compromises, les voix critiques systématiquement réduites au silence, et toute opposition politique écrasée par la peur et la répression.
  • Le régime burundais arme activement la milice Imbonerakure, bras armé du parti au pouvoir et intensifie des formations paramilitaires dans les établissements scolaires, pour instaurer un climat de peur permanente dans la population et étouffer toute contestation intérieure ;
  • Les prisons burundaises sont surpeuplées bien au-delà de leur capacité normale : des centaines de prisonniers politiques y sont maintenus arbitrairement, souvent en dépit des décisions de justice ordonnant leur libération, constituant des traitements inhumains et dégradants en témoigne la détention illégale et arbitraire du Dr Christophe Sahabo et de la journaliste Sandra Muhoza au mépris des appels incessants des défenseurs des droits humains et de la communauté internationale invitant le Burundi à procéder à leur libération ;
  • Le Burundi refuse toujours d’exécuter l’arrêt de la Cour de justice de l’East African Community (EAC), établissant que la cour constitutionnelle du Burundi, en validant le troisième mandat de feu Pierre Nkurunziza qui est à l’origine de la crise de 2015, avait violé l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi de 2000 ainsi que la constitution du Burundi de 2005 sapant ainsi l’État de droit et ses obligations régionales ;
  • Les militaires burundais impliqués dans la crise actuelle en République Démocratique du Congo (RDC), sont accusés de graves violations des droits humains, notamment d’exécutions arbitraires contre des civils innocents ;
  • Le Burundi est devenu un refuge et un abri pour les éléments des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), auteurs du génocide perpétrées contre les Tutsis au Rwanda en 1994, qui sont désormais protégés par l’Etat burundais ; responsable de la propagande haineuse.

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