Presque toute la capitale économique de Bujumbura connaît une double pénurie très inquiétante de courant électrique et de carburant. Ceci affecte gravement l’activité économique et la survie des ménages.
Depuis bientôt deux semaines, le courant électrique de la REGIDESO connaît une grave perturbation. Certains quartiers sont servis pendant quelques heures seulement de la journée. Dans d’autres quartiers, le courant n’ est alimenté que quelques minutes. « Le courant vient puis repart juste après, on dirait des jeux lumières, ce qui endommage nos appareils électroniques », s’inquiètent des employés des secrétariats publics que nous avons visité. Dans certaines microfinances qui n’ont pas de groupes électrogènes pour parier à ce problème, les activités sont également ralenties. Les clients attendent des heures et des heures pour que la REGIDESO alimente de nouveau afin d’ avoir accès aux opérations bancaires.
Du côté des services publics, les activités sont aussi paralysées. La plupart n’a pas de groupes électrogènes de secours. Les demandeurs de services publics sont chaque fois obligés d’attendre des heures ou des jours pour être servis.
Dans les bistrots, ce sont des lamentations. Les coupures répétitives du courant électrique impacte leurs activités. Certains affirment qu’ ils travaillaient à perte déjā à cause de la mesure interdisant la consommation des viandes de bœuf , des chèvres et des moutons. Ils disent que cette pénurie du carburant électrique est venue pour empirer une situation économique déjà précaire. Les secrétariats publics, les salons de coiffure restent fermés alors que les propriétaires doivent payer le loyer et faire vivre leurs familles.
Certains employés regrettent que ce soit les quartiers où vivent les gens à faibles et moyens revenus qui sont frappés le plus de ces coupures du courant. Ils donnent l’ exemple du quartier Kigobe qui est toujours éclairé alors que la zone Ngagara passe presque toute la journée sans courant électrique. La nuit, cette zone n’ est servi en courant électrique que pendant quelques heures seulement. De 23 heures jusqu’à 7 heures du matin, des quartiers ne sont pas éclairés, ce qui augmente les cas de vols dans les ménages.
Le mal ne vient jamais seul. Cette pénurie du courant électrique se greffe à celle du carburant et aggrave la précarité de la situation générale de plusieurs ménages. Des stations d’essence visitées sont à sec. Du centre ville de Bujumbura en passant par la zone Bwiza en commune Mukaza, on y observe des chaînes de véhicules à la recherche du carburant. Sur les parkings de la ville de Bujumbura, des chaînes de personnes attendent désespérément des bus pour rentrer le soir ou pour se rendre aux services le matin. Certains finissent par se déplacer à pieds.
Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Le prix du taxi voiture a monté en flèche. Il n’ est plus possible pour les personnes de faibles revenus de se payer un taxi voiture. De la ville à la gare du Nord, le taxi voiture fait payer au moins 30000FBu, alors que le même trajet était parcouru en bus pour 550FBu. Les taxis voitures qui essaient d’alléger le problème font payer 2000FBu par personne pour le trajet ville- quartier cibitoke par exemple. Mais là, les client doivent accepter d’être embarqués à 5 ou 6 dans un taxi voiture de 4 personnes. Le prix par personne varie là aussi selon le trajet.
Les autorités restent toujours muettes face à cette double pénurie du carburant et du courant électrique.
Entre temps, le déplacement sur vélos, motos et tricycles reste strictement interdit. Cette situation cache mal les mauvaises intentions politiques du régime CNDD-FDD de nuire à la survie des habitants de cette capitale économique, qu’il voit d’un mauvais œil depuis les manifestations contre le troisième mandat de feu Pierre Nkurunziza et la tentative de coup d’Etat de 2015.