Province Burunga: un désespoir grandissant chez les agriculteurs de maïs abandonnés avec leurs tonnes de récoltés

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À Burunga, les agriculteurs de maïs vivent l’une des pires crises de ces dernières années. Partout au Burundi et à BURUNGA en particulier, des maisons sont transformées en greniers improvisés où s’empilent des tonnes de maïs invendus, récoltés il y a plus d’un an et désormais en train de se gâter. Beaucoup de population dans toutes les provinces du Burundi disent avoir suivi les encouragements et orientations du gouvernement, qui les poussait à cultiver de vastes superficies avec la promesse d’un appui similaire à celui reçu en 2023.

Aujourd’hui, ces promesses se sont évaporées, et les agriculteurs se retrouvent seuls face à une production qu’ils n’arrivent pas à écouler.La pire des choses est que personne n’est autorisé à vendre sa récolte aux commerçants privés. C’est l’ANAGESA qui a le monopole marcher du maïs.
Qui plus est,leur malheur ne s’arrête pas au stockage. Faute d’infrastructures adaptées, une partie du maïs se détériore du jour le jour et les produits de conservation sont presque introuvables, ou vendus à des prix qui dépassent les capacités financières des familles. Beaucoup confessent avoir déjà perdu une partie de leurs récoltes, impuissants, obligés de regarder leur travail s’abîmer du jour au lendemain.
Le poids des dettes ajoute une autre couche de détresse. De nombreux agriculteurs avaient contracté des crédits bancaires, persuadés qu’ils allaient livrer leur production à l’Agence Nationale de Gestion des Stocks Alimentaires(ANAGESA). Aujourd’hui, sans acheteur, sans revenu, ils assistent impuissant à un pourrissement du produit de leur sueur et voient leurs emprunts se transformer en pièges. Certains doivent encore payer pour sécher ou protéger une récolte qu’ils risquent pourtant de perdre entièrement.
La blessure la plus profonde reste toutefois l’interdiction d’exporter leur produit en Tanzanie qu’ils estiment déjà une plus-value au regard de la valeur monétaire du shilling tanzanien au regard du franc burundais qui se déprécie sans cesse. Là-bas, un kilogramme de maïs se vend à un prix qui pourrait sauver des familles entières : sept cents shillings tanzaniens, soit environ deux mille cent francs burundais. Malgré cela, les agriculteurs affirment que toute tentative de vente à la frontière est punie par des arrestations, de lourdes amendes et la confiscation de leurs marchandises. Beaucoup disent ne pas comprendre pourquoi l’État leur ferme la seule porte susceptible de les sortir de la misère.
Lors de sa dernière visite en province en octobre 2025,le Premier ministre n’a donné aucune réponse, laissant derrière lui un sentiment d’abandon total à eux-mêmes. Aujourd’hui, les agriculteurs supplient le gouvernement de leur permettre de vendre leur maïs là où il existe un marché, avant que toute la récolte ne soit perdue. Pour les populations de la province Burunga, il ne s’agit plus seulement de revenus, mais de survie, et de la possibilité même de continuer à cultiver la saison prochaine.

Il sied de préciser qu’à côté de cette gamme de lamentation sur le problème d’écoulement du maïs, la que question des intrants se pose avec acuité.