Burundi: Intolérance politique : quand des militants du parti au pouvoir ont le droit de vie et de mort sur des militants d’autres partis politiques

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Dans ses plans de garder le pouvoir bon gré malgré la résistance interne qui se fortifie, le régime du CNDD-FDD continue de faire recours aux violences politiques, à la terreur et à l’élimination systématique de ses adversaires politiques. Le parti politique Congrès National pour la Liberté CNL en sigle du député Agathon Rwasa, craint comme le principal adversaire de grande taille, constitue la cible privilégiée de ce régime en perte de légitimité et de confiance auprès du public burundais. Les membres de cette tendance politique sont pourchassés à longueur de journées et sont notamment victimes d’arrestations arbitraires, de tortures, d’emprisonnements, d’enlèvements et de disparitions forcées mais aussi d’assassinats ciblés. Les jeunes Imbonerakure sont les instruments utilisés par le parti au pouvoir pour cette fin et ont le droit de vie et de mort sur les  militants de tous les autres partis politiques. Dans tout le pays, ce sont des persécutions sur base des montages divers.

En province Makamba, des Imbonerakure ont  arrêté au moins six militants du CNL, Alexandre Kabura, Georges Sabushimike, Ernest Niyonkuruv, Nanson Irankunda , Neuphtalie Shakuru et Padon  le soir du 18 mars 2020 en commune Nyanza-Lac.

Selon des responsables du CNL, le représentant de la jeunesse Imbonerakure sur la colline Bukeye en collaboration avec le directeur du lycée technique à Nyanza-Lac étaient les auteurs de ces arrestations et accusaient leurs victimes de tenir une réunion illégale. La même source précise que ces militants du CNL étaient venus sur les bureaux de vote nouvellement créés dans cette commune pour récupérer les accréditations de mandataires politiques.

Dans cette même commune, des dizaines de jeunes Imbonerakure en patrouilles nocturnes habillés en tenues militaires et munis de gourdins, sous le commandement d’un certain Ciza ont fait irruption vers 20 heures en date du 15 mars 2020 dans une boutique appartenant à Jean Marie Nsabimana sur la sous colline Gitara, colline Mugerama, zone Kazirabageni. Ils ont mis à tabac le propriétaire de la boutique et tous les clients qui étaient sur place à qui ils ont aussi dépouillés des téléphones portables et de l’argent, les accusant d’être des opposants politiques membres du CNL.  Les victimes dont Jean Marie Ndayisaba, Nyingisha, Simon et un certain Désiré ont porté plainte à la police de Nyanza-Lac mais leurs plaintes n’avaient pas été reçues par l’officier de la police judiciaire. « On a porté plainte mais l’Officier de la Police Judiciaire au commissariat communal de police à Nyanza-Lac a eu peur. Il avait convoqué Ciza, le chef des jeunes du CNDD-FDD sur la colline Mugerama qui s’était présenté menaçant au bureau de l’OPJ. Ce dernier s’était contenté de demander aux deux parties d’aller régler à l’amiable leur différend et de remettre les objets volés », témoignage choquée  l’une des victimes. 

En province Cankuzo,  commune Cendajuru, un groupe de jeunes Imbonerakure a mis le feu le 11 mars 2020, sur deux maisons des familles Rwasa Liboire et celle de Miburo Deo tous de la colline Gashirwe, zone Nyamugari accusant ces deux chefs de ménages d’être des membres du parti CNL d’Agathon Rwasa, et d’entrainer les membres du parti CNDD- FDD  d’adhérer au parti CNL. L’administrateur de la commune Cendajuru Madame Beatrice, au lieu de rendre justice aux victimes, s’était contenté de  demander à ces dernières de changer de parti politique s’elles aiment leur vie.  « Hindure ingendo nimba mwikunda », avait menacé l’administrateur.

En province Bururi, après des confrontations en date du 13 mars 2020 entre les jeunes de la milice Imbonerakure et ceux du parti CNL sur la colline Nyagwaga, zone Bamba, commune Bururi, la police a procédé à l’arrestation de deux frères Pacifique Nduwimana, représentant du parti CNL sur la colline Nyagwaga  et son petit frère.  Dès lors,  d’autres jeunes du parti CNL vivent en cachette craignant de se faire arrêter à cause du même dossier.

Une dizaine d’autres personnes dont des ex-Forces Armées Burundaises arrêtées sur la colline Mahango commune Matana ont été transférés  au cachot du commissariat provincial de la province Bururi avant de rejoindre la prison centrale de Bururi.

En province Rumonge,  6 personnes dont un chef de zone Ruteme Gordien Bukebuke et un chef de cette colline Richard Nikwigize ont été arrêté le 06 mars 2020 ont été  détenus respectivement au cachot du service national de renseignements et de la police au chef-lieu de la province Rumonge avant d’être conduites toutes en date du 9 mars 2020 à la prison centrale de Rumonge  

En province Bubanza, 3 membres du CNL dont un enseignant Jean Marie ont été arrêtés  sur la colline Mwanda, zone Muramba, commune Bubanza après les cérémonies d’inauguration de la permanence CNL célébrée mardi le 10 mars 2020. 

En province Bujumbura,  un jeune militant  représentant communal du CNL en commune Kabezi, Metoucella Nahishakiye  est morte fusillé le soir du lundi 16 mars 2020 vers 19h sur la colline Migera,  commune Kabezi. Des sources sur place disent que des hommes armés non identifiés ont ouvert le feu sur leur victime avant de se volatiliser dans la nature. Des proches de la victime dénoncent un meurtre lié aux mobiles politiques. La victime vivait sous les menaces des jeunes Imbonerakure qui craignaient l’engagement politique de leur rival.

En province  Ngozi, des jeunes Imbonerakure ont envahi mardi le 10 mars 2020, le domicile de Muhitira représentant du CNL sur la colline Ruyaga, zone Ruhororo et commune Ruhororo. Ils l’ont tabassé avant de l’arrêter et de le livrer à la police qui l’a mis aux arrêts.

En province Gitega, Didace Rutozi et Cyprien Nibitanga respectivement administrateurs des communes Buraza et Makebuko, province Gitega ont interdit les activités du parti politique CNL dans leurs communes. Le premier a ordonné aux Imbonerakure d’arrêter les candidats du parti CNL aux élections collinaires de mai prochain ainsi que les mandataires du CNL tandis que le second a interdit la construction de la permanence du CNL sur la colline Murenda, qui appartient historiquement, selon lui au #CNDD-FDD

En province Karusi, Éric Ndikumasabo, responsable de la jeunesse  du parti politique CNL et Denis Ncurebugufi, le responsable de ce parti dans les communes de Mutumba et Nyabikere sont sous les verrous depuis dimanche le 08 mars 2020. Ils ont été arrêtés par le secrétaire communal du parti CNDD-FDD en commune Mutumba et transférés le 12 mars 2020 au cachot du commissariat de police de Karusi accusés de faire propagande de leur parti. Les deux victimes venaient de remettre de leurs mains deux dépliants du parti CNL à deux autres responsables de ce même parti politique sur la colline Bibara, où  résident d’ailleurs tous les quatre. 

Pour conclure, une grande question se pose. Est-il possible d’organiser des élections crédibles dans un contexte où des militants d’un parti au pouvoir ont droit de vie et de mort sur les militants d’autres partis politiques et en répriment toute compétition politique ? Malgré cette situation critique, des burundais s’en habituent et gardent tout l’espoir d’avancer. En tout cas, la violence et l’injustice n’augurent rien de bon quant à l’avenir du Burundi et de son peuple.

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