Burundi: Le conflit foncier entre la population et le camp Mudubugu tend à mal tourner

Spread the love

Depuis le ce 14/7/2025, six personnes dont 3 hommes, 2 femmes et 1 jeune fille sont détenues au sein du camp militaire de Mudubugu, situé dans la zone de Gihanga, commune de Bubanza, en province de Bujumbura. Ces individus sont accusés d’avoir pénétré illégalement dans un terrain désormais annexé abusivement par l’armée pour y établir une zone militaire.
D’après des sources administratives locales, trois des personnes arrêtées récoltaient du manioc qu’elles avaient cultivé dans leurs champs devenu un terrain litigieux avec ledit camp, tandis que les trois autres collectaient du bois de chauffage. Avant leur arrestation, ces six civils auraient été violemment battus par des militaires, selon les témoignages recueillis sur place.
Les habitants et certaines autorités locales s’étonnent du traitement infligé à ces personnes, d’autant plus que ces terres, aujourd’hui annexées au domaine militaire sans avoir suivi aucune procédure en matière d’expropriation foncier, appartenaient anciennement aux populations locales à des fins agricoles. Ces terres leur auraient été transmises de génération en génération.

Contexte militaire et antécédents
Le camp militaire de Mudubugu a été installé dans cette zone dans le cadre de formations militaires incluant des exercices de tir intensifs avec de l’artillerie lourde. Depuis l’arrivée des militaires, les habitants des lieux affirment que plus de dix civils y ont déjà perdu la vie, abattus par des militaires dudit camp.
Malgré de multiples réunions visant à négocier une indemnisation pour la perte de leurs terres, les habitants dénoncent une répartition injuste des compensations. Celles-ci auraient été attribuées à certains responsables administratifs et les hauts gradés tandis que la majorité des citoyens concernés continuent d’attendre un quelconque dédommagement.
Ces memes témoignages font état d’une expropriation forcée et abusive sans indemnisation prenable,juste et équitable ni un processus transparent. Les habitants réclament que les indemnisations soient octroyées équitablement, sans qu’aucun citoyen ne soit exclu du processus.

L’ancien administrateur communal de Gihanga, M. Léopold Ndayisaba, a reconnu que les terres appartenaient initialement à la population locale. Il affirme que l’État les a réquisitionnées pour y établir une extension du camp militaire, tout en promettant des indemnisations en contrepartie.
Le ministre de la Défense nationale, M. Alain Tribert Mutabazi, a, quant à lui, appelé la population au calme, en assurant que les procédures d’indemnisation sont en cours. Toutefois, il a fermement mis en garde toute personne qui ne respecterait pas les dispositions convenues : toute infraction serait sévèrement sanctionnée. Des correspondances ont été échangées entre l’administration locale(communale et provinciale) avec le Ministère de l’intérieur et de la sécurité publique sur cette question mais sans succès. De multiples audiences ont été organisés y compris auprès de l’ombudsman et la délégation des populations qui y ont des terres accaparées par le camp Mudubugu mais en vain.

La situation décrite soulève de sérieuses préoccupations en matière de droits humains, notamment :

  1. Arrestation arbitraire de civils et recours à la violence physique par des militaires.
  2. Expropriation de terres ancestrales sans processus clair ni indemnisation équitable.
  3. Manque de transparence dans l’attribution des compensations.
  4. Usage excessif de la force ayant causé la mort de plusieurs civils.

Recommandations

1. Libération immédiate et sans condition des personnes détenues sans procès équitable.
2. Ouverture d’une enquête indépendante sur les violences et décès signalés.
3. Suspension temporaire des activités militaires sur le site jusqu’à la clarification du statut légal des terres.
4. Mise en place d’un mécanisme transparent, inclusif et équitable d’indemnisation.
5. Renforcement des garanties contre les abus commis par les forces de l’ordre, conformément au droit burundais et aux normes internationales des droits de l’homme.