À l’attention des Représentants permanents des États Membres et Observateurs du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (Genève, Suisse)
Le 20 août 2025
Burundi : Face à la multiplication des facteurs de risque, il est impératif de proroger le mandat du Rapporteur spécial
Madame, Monsieur le Représentant permanent,
Alors que de graves violations et atteintes aux droits humains continuent d’être commises au Burundi dans un contexte d’impunité généralisée, et que le pays est entré dans un long cycle électoral, qui a commencé avec les élections législatives et communales de 2025 et culminera avec l’élection présidentielle de 2027, et qui est associé à de multiples facteurs de risque de violations graves des
droits humains et d’atrocités criminelles, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies devrait maintenir son examen rigoureux de la situation dans le pays.
Lors de sa 60ème session (8 septembre-8 octobre 2025), il devrait proroger le mandat du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Burundi.
2025 marque le dixième anniversaire du déclenchement de la crise de 2015, laquelle demeure non résolue1. La 60ème session du Conseil marquera le dixième anniversaire de sa première réponse significative à la crise, la résolution 30/27, et sera la dernière session avant les dix ans de la session extraordinaire qu’il a tenue pour répondre à la crise au Burundi, le 17 décembre 20152.
Dix ans plus tard, la situation des droits humains au Burundi demeure très préoccupante. Aucune réforme structurelle n’a permis de répondre aux préoccupations de longue date en matière de droits humains, de gouvernance, de justice et d’État de droit. Les violations se poursuivent en toute impunité, et la totalité des problèmes mis en évidence dans les précédentes lettres de la société civile demeurent. Il s’agit notamment d’exécutions extrajudiciaires, de disparitions forcées, d’arrestations et de détentions arbitraires, d’actes de
torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, de violences sexuelles et sexistes, de graves restrictions aux droits à la liberté d’opinion, d’expression, de réunion pacifique et d’association, ainsi que de graves violations des droits économiques, sociaux et culturels.
Dans ce contexte, la justice et les autres mécanismes de redevabilité ne sont pas seulement réduits au silence ; ils sont systématiquement instrumentalisés contre les critiques, les voix indépendantes et les acteurs de l’opposition. Cet abus délibéré des pouvoirs institutionnels renforce la répression et compromet la crédibilité de tout effort national de responsabilisation.