Bujumbura/Cibitoke Expulsions des réfugiés congolais vers la RDC

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Depuis hier, lundi 8 septembre 2025, une vaste opération conjointe de la police en provenance de Bujumbura et du commissariat de Cibitoke a été lancée dans plusieurs localités frontalières. Elle vise les Congolais ayant trouvé réfuge au Burundi depuis le 15 février 2025, fuyant l’instabilité en République démocratique du Congo.
Les opérations de ratissage se concentrent notamment dans les quartiers de Gasenyi-Buganda (commune Bukinanyana) ainsi que dans la zone Rukana (commune Cibitoke). Les policiers y encerclent les habitations où logeaient ces réfugiés afin de les contraindre à rejoindre des camps officiels ou à regagner la RDC.
D’après les informations recueillies sur place, 80 réfugiés ont été arrêtés à Gasenyi-Buganda et 72 autres dans la zone Rukana lors de la première journée d’opération, le 8 septembre 2025.

Ce mardi 9 septembre2025, le nombre d’expulsés a grimpé à 426 personnes. D’autres rafles ont également eu lieu à Nyakagunda (ancien Mparambo I), à Rubuye ainsi que dans huit quartiers du secteur dit Kaswahili qui font au total 578 personnes.
Au petit matin, aucun habitant de ces localités n’a été autorisé à sortir. Les véhicules étaient immobilisés par la police qui annonçait clairement aux réfugiés congolais :

« Ceux qui veulent aller dans les camps peuvent s’y rendre, mais ceux qui refusent seront conduits à Gatumba puis renvoyés vers Uvira en RDC. »

Sous couvert d’anonymat,un réfugié congolais rencontré sur place et témoigne :

« On nous a arrêtés de force et sans pitié alors que nous n’avions rien fait. Nous vivions en paix avec ‘es Burundais qui nous ont accuilli. Pourquoi ne pas nous laisser tranquilles ? Nous ne voulons pas aller dans les camps car les conditions de vie y sont misérables. Si on nous force, nous préférons rentrer au Congo. »

De son côté, une source policière qui a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité affirme que les autorités nourrissent des doutes sur certains réfugiés :

« Leur comportement suscite des inquiétudes. Nous avons des informations selon lesquelles ils recevraient des aides de l’extérieur et vivraient mieux que la population locale. Nous craignons également qu’ils aient des liens avec le mouvement armé M23. C’est pourquoi nous avons décidé de les renvoyer chez eux ou les déporter vers des camps officiels. » Cette opération va se poursuivre,a-t-il garanti.

Mais le refoulement ne se passe pas sans difficultés. Les réfugiés arrêtés hier à Buganda et Rukana n’ont pas pu traverser vers Uvira en raison de l’insécurité qui y prévaut. Ils ont été retenus dans la cour de la police à Gatumba. Jusqu’à ce mardi 9 septembre, leur transfert vers l’autre rive du lac Tanganyika n’a pas pu avoir lieu, car des combattants du mouvement Wazalendo leur ont interdit le passage.

Ainsi bloqués, ces familles congolaises restent dans l’incertitude, craignant pour leur sécurité et manquant de nourriture.

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